17 décembre, 2006

Enfant hyperactif et Ritaline !

De nombreuses patientes ayant des enfants, me parlent d'eux. La plupart du temps, ces mères souvent anxieuses, et grandes consommatrices de publications médicales de vulgarisation, psychiatrisent le comportement normal d'un enfant un peu difficile, en soulevant le diagnostic d'hyperactivité. N'étant pas spécialisé dans le traitement des enfants, je les adresse à des pédopsychiatres. Ce petit post est là, pour tenter de circonscrire ce qu'est réellement l'hyperactivité chez l'enfant afin de ne pas la confondre avec des comportements normaux.

La molécule dénommée, méthylphénidate, commercialisée sous le nom de Ritaline par le laboratoire Novartis, est un psychostimulant utilisé pour traiter les troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité (THADA) chez l'enfant de plus de 6 ans sans limite supérieure d'âge.


Quelques 5% des enfants souffriraient d'hyperactivité, une maladie chronique affectant leur comportement. Un enfant dit hyperactif est incapable de se concentrer sur une tâche et ne tient pas en place, au désespoir des maîtres et des parents. Des psychiatres leur prescrivent des médicaments appartenant à la classe des amphétamines.


Un enfant hyperactif est un enfant dont l'activité motrice est augmentée et désordonnée, accompagnée d'impulsivité, de réactions agressives et de troubles de l'attention qui perturbent son efficience scolaire. Ces troubles doivent être en décalage net par rapport à l'âge et au niveau de développement de l'enfant pour qu'on puisse parler d'hyperactivité.

Plusieurs termes sont employés pour désigner l'hyperactivité :

  • Syndrome hyperkinétique ;

  • Dysfonction cérébrale minime :

  • Troubles déficitaires de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ;

L'hyperactivité se rencontre partout dans le monde et dans toutes les classes sociales. C'est une maladie de plus en plus médiatisée mais encore mal reconnue en France. On estime aujourd'hui que l'hyperactivité affecte entre 3 et 6 % des enfants d'âge scolaire avec une prépondérance chez les garçons mais les filles souffrant de TDAH sont plus difficiles à diagnostiquer. La majorité des enfants hyperactifs (70 %) garderont ce syndrome à l'âge adulte. Le tiers des enfants hyperactifs commenceront à avoir des problèmes de comportement dès leur première année de vie : il pleure plus souvent et plus longtemps, a de la difficulté à s'alimenter, est plus actif et dort moins.

Dès l'âge de 6 ans, les enfants hyperactifs présentent les symptômes suivants :

  • Manque d'attention soutenue ;

  • Incapacité à se concentrer ;

  • Instabilité émotionnelle ;

  • Impulsivité ;

  • Difficulté à obéir ;

  • Signes neurologiques mineurs comme incoordination motrice fine ;

Ces symptômes engendrent dans la majorité des cas de gros problèmes scolaires. Un enfant hyperactif non diagnostiqué vit un véritable cauchemar : perturbation de la classe et rapports difficiles avec l'enseignant, rejet par ses camarades. Sans compter les conflits familiaux. Par rapport à des enfants non hyperactifs d'intelligence comparable, les enfants hyperactifs ont trois fois plus de risque d'être confrontés à l'échec scolaire. Mais un enfant qui bénéficie d'un traitement et d'une prise en charge adéquate pourra s'épanouir et suivre un cursus scolaire normal. Ces enfants développent tout de même certaines capacités étonnantes : potentiel intellectuel souvent élevé (leur QI est statistiquement supérieur à la moyenne) et surtout une imagination et une créativité remarquables.

La question qui subsiste est qu'il est difficile d’isoler un tel syndrome en le dégageant de références normatives sociales. Le problème éthique résultant d'une large distribution de médicaments psychotropes majeurs à des enfants, des adolescents et ceci sur une longue durée reste lui entier. C'est un pari risqué sur l'avenir. C’est un diagnostic difficile à porter et le risque est grand de psychiatriser un enfant simplement parce qu’il est un peu plus dur que la moyenne. Aux Etats-Unis, il existe une grande controverse ayant amené certains psychiatres à s’opposer à la médicalisation excessive des enfants. En effet, de nombreux parents, soucieux d’avoir un enfant sage comme une image, semblent préférer l’action immédiate de la Ritaline à une action éducative forcément plus difficile. Le laboratoire Novartis a souvent été attaqué au motif qu’il pousserait les professionnels de la santé à prescrire la Ritaline dans des cas, ou elle n’est pas nécessaire.

La Ritaline est-elle vraiment efficace? Certains parents assurent qu'elle leur a apporté un grand soulagement... Mais ce médicament est loin de faire l'unanimité parmi les pédopsychiatres. La seule chose qui soit sûre, c'est que pour l'entreprise Novartis, qui produit la Ritaline, ce médicament représente des bénéfices considérables.Le danger est grand de voir substituer à l'éducation, facteur de lien social, une médicalisation outrancière, visant à créer des enfants parfaits. Eduquer un enfant est autrement plus difficile que de s'en remettre à une prescription médicale.


Vidéo d'un enfant manifestement hyperactif et quelque peu caractériel. Remarquez, j'agis presque de la même manière lorsque Windows plante !

Ceux que le sujet de l'hyperactivité, et le débat dont il fait l'objet, intéressent, pourront lire l'excellent ouvrage de Jonathan Kellerman, intitulé Le rameau brisé, premier livre de cet auteur publié en France. Kellerman, psychologue de formation, est un écrivain de talent, mettant en scène des enquêtes menée par son héros récurrent, le psychologue Alex Delaware.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je pense que cette vidéo est un fake. Ca existe sûrement (il y a un bien un asiatique mort de faim en jouant a wow car il a oublié de s'alimenter) mais je me demande pourquoi il l'aurait mis sur internet.

19/12/06 9:22 AM  

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